vendredi 18 mars 2016

Marc Bernard : suite (et fin ?)


else et marc à majorque
Trois (ou plutôt quatre) parutions ce mois de mars 2016 pour marquer la fin d'années de travail. Le 3 mars a paru Vacances surprises chez Finitude, recueil de chroniques de Marc au Figaro, données dans les années 60. Plein de légèreté et de malice.



Puis le 24 mars, ce sera au tour de Mayorquinas de sortir chez Gallimard, titre publié initialement chez Denoël par Maurice Nadeau en 1970 et qui annonce de façon prémonitoire la mort d'Else. Une troublante évocation de la terre paternelle. Dans ce livre de la collection L'Imaginaire, on trouvera aussi le film documentaire Le bien-aimé (Zeugma Films, 50'), dont la première sera, à Paris, le 8 avril 2016 avec la librairie Tschann au Reid Hall (4, rue de Chevreuse, 6e).


Enfin, rédigée à partir de juin 2008, publication de la biographie de Marc Bernard, La volupté de l'effacement, qui paraîtra le 2 avril 2016 aux éditions du Murmure, avec un cahier iconographique.
La fin d'un long chapitre, ouvert en 2000...




dimanche 3 février 2013

Le biographe jeudi 14 février sur France Culture


Jeudi 14 février sera diffusé mon second documentaire radiophonique sur Marc Bernard, à 23 h sur France Culture : Le biographe (55').
Il y a dix ans tout juste, je réalisais mon tout premier documentaire pour Surpris par la nuit : Les vies de Marc Bernard. J’entrais par l’une de ses plus belles portes dans l’espace radiophonique grâce à un prix Goncourt oublié, sur lequel je travaillais depuis quelques mois.
Cette double rencontre, presque simultanée, radiophonique et littéraire, allait impressionner ma vie jusqu’à ce jour.
Cette relation n’est pas achevée : je travaille depuis lors à la rédaction de sa biographie (à paraître en 2014). Le point final d’années de travail, qui marquera le début de notre séparation.
C'est ainsi que ce nouveau documentaire établit une sorte de bilan.
J’ai, chez moi, plus de traces de sa vie que de la mienne. L’étrangeté d’une présence si vivante en moi, si influente sur ma vie, d’un mort. C’est peu dire que j’ai puisé chez lui, cet absent, une force.
En le tirant peu à peu de l’ombre, j’ai, rétrospectivement, l’impression qu’il m’a offert d’entrer dans un autre âge...
Ce documentaire est un dialogue d'outre-tombe entre Marc Bernard et moi, via des archives radiophoniques de l'écrivain et un texte inédit.
Un hommage à celui à qui je dois tant. Et peut-être tout.

mardi 26 juin 2012

Une belle oubliée...

Je viens de découvrir cette chronique d'Angelo-Rinaldi-de-l'Académie-Française sur Marc Bernard, datée de 2004 (!) et qui m'avait échappée au moment de la réédition dans la collection L'imaginaire (Gallimard) de Vacances, livre initialement publié chez Grasset. Je n'ai d'ailleurs jamais bien compris pourquoi Gallimard est allé récupérer ce livre chez son concurrent alors que tant de livres de Marc Bernard sont épuisés chez eux. Enfin si, je sais... Donc, cette chronique de Rinaldi de 2004, intitulée Capri, c'est fini, que l'académicien publia dans Le Figaro et à laquelle il associa un autre (bel) oublié, Frédéric Prokosch, découvert et admiré par Mann, Gide et Camus et grand collectionneur de papillons. Bref, Prokosch et Bernard : deux beaux voyageurs immobiles.
La voici, enfin !

Cette chronique sera des plus mélancoliques. Elle traitera de deux écrivains qui risquent d'être oubliés – un Français, et un Américain très civilisé. Dans l'espoir de la relever, faut-il l'agrémenter d'un peu de latin ? «Habent sua fata liberi», les livres ont aussi leurs destins. Remontent ainsi à la surface, pour la dernière fois, peut-être, Marc Bernard (1900-1983), le prolo autodidacte, de Nîmes, et Frédérick Prokosch (1908-1989), que dans son intérêt on s'abstiendra de qualifier d'aristocrate ou d'esthète : de pareils termes ont une vertu d'épouvantail à moineaux dans le champ littéraire.
Bernard et Prokosch, que la France relie, sont, on l'aura compris, des contemporains qui n'habitent pas la même planète. Sur la sienne, le Nîmois, qui commence par être apprenti pâtissier – n'est-ce pas le meilleur moyen de manger à sa faim et à toute heure ? –, fut, tour à tour, un miraculé et un malchanceux. A-t-on idée d'obtenir le prix Goncourt une année – 1942 – où les Germains prolongent leur stationnement en terre gauloise et où le papier est rationné ? En conséquence de quoi, il n'est vendu que 10 000 exemplaires de Pareils à des enfants. Va-t-il, la saison suivante, en quête de nourriture, se réfugier dans le Limousin ?
Il sera à deux kilomètres d'Oradour-sur-Glane ; avec sa femme qui est docteur ès lettres et juive autrichienne en cavale. Il réchappe de peu au massacre. Else Reichmann sera l'inspiratrice de la plupart des livres suivants. Cherchez (1) La Mort de la bien-aimée. C'est Philémon et Baucis, un chef-d’œuvre de cet amour conjugal qui est modérément célébré. L'histoire d'une passion sans retour, où n'entre aucune mièvrerie.
On lira avec beaucoup de plaisir la préface inédite de Roger Grenier, qui trouve à satisfaire dans le récit de la vie de l'auteur ce goût pour les ingénus et son sens du dérisoire des choses, qui le mettent au premier rang des nouvellistes. Il est de plain-pied avec les personnages qui, tel Mr. Magoo du dessin animé, marchent le long du toit, sans remarquer le vide à leurs pieds, obstinés à ne voir que les étoiles au-dessus de leur tête. Quelles lectures, quels hasards – à moins que tout ne soit grâce, ce qui rendrait bien vain notre labeur – façonnèrent le style simple de Bernard, tout imprégné de poésie et qui est au service de l'observation du «menu peuple», dans ses grandes infortunes et ses petites joies, avant la guerre.
Des faubourgs où campent les Gitans, en passant par le boulevard Sébastopol, qu'arpentent les filles, la Rhénanie occupée où il est soldat, et la Catalogne où ce militant de Radio Madrid, une sorte de Bernard Pivot du moment, manque d'être fusillé par les siens. Depuis une heure, la cigarette au bec, il contemplait la mer au bout des Ramblas. Ne serait-ce pas un espion ?
Employé d'un droguiste, garçon de course, cheminot – quand il n'était pas chômeur – et devenu secrétaire de rédaction, un jour, soudain, il décida de ne plus travailler - plus jamais. Ça rimerait à quoi d'être un artiste si l'on allait au bureau ou à l'usine, alors qu'il y a tant à faire avec le dictionnaire des synonymes et l'observation des «merveilleux nuages» que Baudelaire préconise comme sport principal ? La pauvreté plutôt que l'aliénation. Bernard l'anarchiste, mais au fond très proche de l'esprit franciscain, cite le Christ disant des oiseaux : «Ils ne tissent ni ne filent...» Afin de suivre ce conseil, il prit ces «vacances», dont quelques-uns des épisodes sont racontés ici. On le retrouve en pilote d'un yacht qui transporte les touristes de la Côte d'Azur jusqu'aux îles de Lérins. Après quoi, ayant gagné une gueule de loup de mer et évité de justesse un Titanic local, le voilà de nouveau sur les routes. «Les ruines et les morts s'effacent, mais les images de l'eau vive, des peupliers miroitants et quelques voix humaines qui nous ont aidés à ne point désespérer, demeurent au plus secret de nous.» Au public maintenant de les entendre, et de remercier Gallimard, qui alimente ainsi l'une de ses plus élégantes collections en trésors de son propre fonds.

L'un de ses confrères, non moins avisé, remet en circulation les souvenirs de Prokosch, livre épuisé depuis sa publication en 1983. Un Américain, ce fils d'un professeur autrichien dont l'enfance, au Texas, fut bercée par les contes de Grimm, ce futur étudiant de Cambridge qui, à peine sorti de l'université, entra dans la carrière par un coup d'éclat. Il peignait avec véracité une Asie où il n'avait jamais mis les pieds. N'allait-il pas préférer le tennis ?
Il avait un physique à la Cary Grant, qui se rencontre assez peu, hélas ! Parmi les hommes de lettres. Notre ami Constantin Jelenski, qui porta, comme lui, l'uniforme américain, à Rome, en 1945, le décrivait volontiers descendant de sa limousine, à la hauteur de l'hôtel Hassler, en haut de la Trinité des Monts. Simoun et Sirocco, ses deux chats siamois, l'avaient précédé, et, déjà, devant le comptoir de la réception, attendaient l'ascenseur. En familiers des lieux. Prokosch collectionna d'abord les corps, et, certain que c'eût été déchoir au fil des ans que d'être un vieux beau qui en cherche de jeunes, il se consacra à l'étude des papillons. Ils laissent au bout des doigts autant de poussière que les affaires de cœur - si c'est le mot -, mais elle est plus dorée... Pour finir, il se mit à tirer le portrait des gens. Comme on comprend la méfiance des primitifs, devant les photographes, la crainte qu'en les reflétant trop bien on ne leur dérobe une part d'eux-mêmes. Si Joyce, lady Cunard, Malaparte, Malraux, Somerset Maugham, Gide, T. S. Eliot et tant d'autres, avaient su, s'ils avaient soupçonné chez le gentleman une cruauté si douce...
Comment définir l'art de Prokosch, si l'art que l'on parvient à définir, cesse, par là même d'en être un ? Essayons malgré tout : une certaine distance à l'égard du sujet, une certaine façon de l'installer, en douce, dans la vitrine, de placer entre lui et le lecteur une glace pour qu'en surimpression, s'ajoute un reflet du couchant, à l'heure où les ombres s'allongent comme dans les tableaux de Chirico. Oui, peut-être... Et tout ce monde assez mondain, plutôt génial dans l'ensemble, délicieusement sophistiqué, de vieux messieurs qui furent jeunes – c'est une étape impossible à économiser –, attrape un air d'éternité. Tandis que Simoun et Sirocco, suivis de Frédéric, qui ont laissé la marque de leurs griffes sur les visages, repartent à la chasse. En Hispano-Suiza et en direction de Capri, le quartier général, paradis que connurent par le passé deux grands démocrates, Tibère et Lénine.
Sur le bord de la route, on agite un mouchoir, on se force à sourire, et l'on n'en pense pas moins : adieu.

Vacances de Marc Bernard L'Imaginaire/Gallimard 238 p., 7,90 €.
Voix dans la nuit de Frédéric Prokosch traduit de l'anglais par Léo Dilé, Phébus, 20 €.

dimanche 24 juin 2012

"Là où le gel est inconnu"

Tel est le très beau titre du texte inédit de Marc Bernard que vient de publier la non moins belle revue Théodore Balmoral, dirigée par Thierry Bouchard (lire aussi ci-dessous). Ce récit d'une vingtaine de pages est sans aucun doute le tout dernier texte écrit par Marc Bernard avant de s'éteindre, le 15 novembre 1983 à Nîmes. Bien évidemment, la bien-aimée Else est omniprésente dans ce texte d'une tonalité plus crépusculaire, si l'on se réfère au livre que les éditions Gallimard publieront au lendemain de sa disparition, Au fil des jours, un véritable paquet de notes que son ami Roger Grenier eut le talent de mettre en ordre. Ce texte met aussi en exergue la relation curieuse que Marc Bernard noue avec le monde en ses derniers instants. Selon son propre aveu, il se sent de plus en plus expulsé de la réalité. Avec quelle minutie il décrit sa vision des objets, et même des murs, qui l'entourent (alors qu'il est encore sous l'effet d'une anesthésie), voire son obsession du proton... Outre ce récit de Marc Bernard, le n°68 de la revue Balmoral propose notamment une pièce de la femme de lettres et résistante Charlotte Delbo : Les hommes. Trois écarts expérimentaux de Jacques Réda, Les graines de lecture de Bernard Baillaud, lequel édite courageusement les œuvres complètes de l'ami Paulhan chez Gallimard, ou encore un entretien avec Gilles Ortlieb autour d'un écrivain précieux : Jean Forton. Bref, Marc Bernard est bien entouré ! On peut trouver ce numéro dans les bonnes librairies, mais plus sûrement en écrivant à la revue : theodore.balmoral@wanadoo.fr (21 €). De la littérature que c'est (vraiment) la peine !

lundi 30 avril 2012

Marc et Else chez Théodore (Balmoral)

Me voici une nouvelle fois seul avec Marc Bernard depuis quelques semaines, plongé dans les dernières semaines de sa vie grâce à un texte qu'il a, selon toute vraisemblance, composé à Nîmes peu avant sa mort en novembre 1983. Un texte inédit, saisissant pour ce qu'il raconte du vieil homme qui n'a plus que l'écriture pour se rattacher au souvenir de sa bien-aimée Else. Thierry Bouchard qui dirige la très belle revue de littérature Théodore Balmoral m'a demandé un inédit de Marc Bernard, je lui ai proposé celui-ci. Le tout dernier écrit de Marc, à l'écriture tremblée. Vous pourrez lire "Là où le gel est inconnu" dans le prochain numéro de la revue. Elle paraîtra en juin 2012. Je regrette parfois de ne pas offrir plus de visibilité aux écrits de Marc, notamment grâce au formidable travail entrepris par les revues. Dans le même temps, cela me satisfait que d'aucuns rencontrent cet auteur par hasard, au gré d'une (timide) réédition de son éditeur ou grâce à celles, exigeantes, de Thierry et Emmanuelle Boizet chez Finitude. Ou peut-être encore via ce pauvre blog. Volupté et effacement de Marc Bernard. A très bientôt ! Je me le promets.

mardi 25 octobre 2011

Où es-tu Annie ?

Des semaines, maintenant des mois que tu ne réponds plus. Où es-tu ?

dimanche 6 juin 2010

Quel Capharnaüm !

La belle aventure de Marc Bernard aux éditions Finitude se poursuit.
Après la publication de Sarcellopolis en février 2010 (dont vous pouvez toujours lire la critique parue dans Télérama ici), l'éditeur bordelais publie cinq chroniques tirées du Figaro dans le tout premier numéro de sa revue Capharnaüm (sur commande ou en librairie, 13 € - 100 pages).
A ses côtés, des textes de Raymond Guérin, Jean-Pierre Martinet, Michel Ohl, Georges Hyvernaud, R.L. Stevenson, Georges Arnaud et Eugène Dabit, avec des photos inédites des auteurs précités. Soit un excellent compagnonnage...
Vous pouvez (re)lire dans ce blog une des chroniques de Marc Bernard au Figaro, histoire de vous donner un avant-goût avant de plonger dans ce beau Capharnaüm.